À la chute du régime dictatorial du général Siyad Barre en janvier 1991 en Somalie, la rivalité entre le général Aydid et le président intérimaire officiel Ali Mahdi dégénère en une lutte ouverte pour le pouvoir avec une guerre des clans et des actions de banditisme pour s’approprier l’aide humanitaire. Au cours de l’automne 1992, la détérioration de la situation sur le plan humanitaire provoque un mouvement de mobilisation internationale. En effet, l’ampleur de la famine qui décime la population somalienne et les obstacles rencontrés pour y remédier conduisent le Conseil de sécurité des Nations unies à adopter la résolution 794 du 3 décembre 1992, à l’origine de l’opération Restore Hope (rendre l’espoir), côté américain, et Oryx côté français au sein de l’Unitaf (force d’intervention multinationale unifiée).
Il devient urgent de permettre l’acheminement des convois alimentaires dans les meilleures conditions de sécurité possibles afin de porter secours aux populations souffrant de la faim. Le 7 décembre 1992, la France décide l’envoi de 2100 hommes en Somalie pour cette opération de police internationale à but humanitaire. Les troupes françaises, arrivées de Djibouti par avion dès le 8 décembre ou ultérieurement, par voie maritime, sont placées sous le commandement du général de brigade Delhomme, adjoint au commandant de la 9e DIMa (Division d’infanterie de marine). Les troupes françaises de l’opération Oryx sont placées sous le contrôle opérationnel du général américain Johnston, responsable en Somalie de l’opération Restore Hope. Par ailleurs, la liaison avec le haut commandement américain est assurée par le contre-amiral Hubert Foillard, commandant les forces navales françaises dans l’océan indien.
Cette opération nécessite une mise en place minutieuse qui se déroule en plusieurs phases successives. Le 13 décembre, le TCD Foudre (Transport de chalands de débarquement) appareille de Toulon avec, à son bord, le détachement de l’Alat (Aviation légère de l’armée de terre) équipé de 10 hélicoptères Puma, de 12 hélicoptères antichars Gazelle et fort de 250 militaires. Puis, le 15 décembre, le roulier Saint-Beaume assure le transport d’une compagnie VAB (Véhicule de l’avant blindé) du 3e RIMa (Régiment d’infanterie de marine) à destination de Mogadiscio. À la fin du mois de décembre, le détachement de soutien logistique, l’échelon de commandement et l’échelon santé rejoignent également la capitale somalienne.
La mission consiste à garder les dépôts de vivres et à surveiller leur distribution notamment dans les zones de Baïdoa (province de Bay) et d’Hoddur (province du Bakol), au nord-ouest de Mogadiscio. Cet objectif est complété par la recherche et la destruction des dépôts d’armes et de munitions, par la recherche du renseignement sur les bandes de pillards et par le déminage des axes de circulation. Un second volet de la mission vise à rassurer, à informer et à assister les populations dans leur vie quotidienne, ainsi qu’à aider les notables et les fonctionnaires à restaurer la structure administrative du pays.
Le 25 mars 1993, le Conseil de sécurité de l’ONU vote la résolution 814 qui transfère l’autorité pour les opérations en Somalie à l’ONUSOM II (force des Nations unies en Somalie) en englobant l’opération Oryx. Au total, 29500 casques bleus de 30 pays seront affectés à cette force. Dès le 13 avril, les militaires français participent à l’opération Restore Hope.
Le contingent français est fourni par les FFDJ (Forces françaises de Djibouti), pour 400 hommes, et par la FAR (Force d’action rapide) pour 700 hommes. Tous ces éléments sont placés sous les ordres du général Quadri, Com-Elef (commandant de l’élément français). L’ONU rencontre néanmoins des difficultés pour faire respecter le cessez-le-feu et l’hostilité des clans provoque des affrontements armés. Le 5 juin 1993, vingt trois casques bleus pakistanais sont assassinés. Le 17 juin 1993, le contingent français est engagé dans des combats. La mort le 3 octobre 1993 de 18 soldats américains sans statut de casques bleus débouche sur une décision de repli américain.
La préparation de la relève du contingent français par la brigade indienne commence le 6 octobre et le désengagement des éléments français de Somalie se déroule du 15 novembre au 15 décembre 1993. Pour conduire les opérations, 100 personnels de la base de transit de La Rochelle et d’unités de transport de la FAR sont mis en place à titre de renfort pour effectuer le transit portuaire à Mogadiscio et Djibouti avec transport et mise en containers du fret et gestion informatique du matériel rapatrié.
Après 9 mois passés sur le terrain, les objectifs fixés aux troupes françaises semblent atteints. Au moment où celles-ci laissent la place aux forces indiennes, la zone de responsabilité est sécurisée, les villes et localités principales sont contrôlées et les grands axes sont sûrs. Les tensions claniques se sont en partie apaisées et la vie sociale et économique régionale a pu reprendre son cours.
Les reporters de l’ECPA Dominique Viola et Xavier Pellizzari ont réalisé des reportages photographiques en Somalie, respectivement du 7 au 30 décembre 1992 et du 11 novembre au 15 décembre 1993. Leurs images témoignent de ces opérations et de l’action des forces françaises auprès de la population.