En juillet 1943, les Alliés se lancent à la reconquête de l’Europe et ouvrent ainsi un nouveau front. Ils débarquent dès juillet en Sicile puis en août sur la péninsule italienne. Dans le même temps, le général d’armée Alphonse Juin met sur pied le corps expéditionnaire français (CEF), formé d’unités de l’armée d’Afrique et des Forces françaises libres, réarmées et rééquipées par les Américains et les Britanniques.
Ce corps expéditionnaire est constitué à terme de quatre divisions d’infanterie : la 2e division d’infanterie marocaine (DIM), la 3e division d’infanterie algérienne (DIA), la 4e division marocaine de montagne (DMM) et la 1re division de marche puis motorisée d’infanterie (DMI) – ancienne 1re division française libre (DFL). Trois groupes de tabors marocains et des éléments placés en réserve générale complètent le dispositif dont les effectifs dépassent en fin de campagne les cent mille hommes. Mis à la disposition du field marshal britannique Harold Alexander, commandant en chef des armées alliées en Italie et du XVe groupe d’armées alliées, et rattachés à la Ve armée américaine du lieutenant general Mark W. Clark, les premiers éléments du CEF débarquent à Naples en novembre 1943.
Composées à plus de 50 % de soldats nord-africains aguerris au combat en montagne, les unités françaises se distinguent rapidement lors de la campagne d’hiver, les tirailleurs de la 2e DIM remportant leurs premières victoires lors de la conquête du mont Pantano et de la Mainarde en décembre 1943. Le 26 janvier 1944, après avoir franchi le fleuve Rapido, le 4e régiment de tirailleurs tunisiens de la 3e DIA enlève les pitons du massif du Belvédère situé à dix kilomètres au nord du mont Cassin. Pendant la campagne de printemps, lors de la bataille du Garigliano entre le 11 et le 26 mai, les Français rompent le dispositif allemand sur la ligne Gustav, conquièrent les monts Aurunces puis enfoncent la ligne Hitler, ouvrant ainsi la route vers Rome. Les Alliés remportent aussi des succès malgré la forte opposition des troupes allemandes, notamment sur la célèbre position du mont Cassin. Enfin, lors de la campagne d’été, les villes de Rome et de Sienne sont respectivement libérées le 4 juin et le 3 juillet 1944. Le CEF cesse les combats le 22 juillet alors que les Alliés poursuivent les hostilités dans la péninsule italienne jusqu’en avril 1945.
Les combats meurtriers[1] en zone montagneuse, les terribles conditions climatiques, la résistance acharnée de l’ennemi et parfois la difficulté des relèves d’unités sur le terrain ont rendu ces huit mois d’opérations très éprouvants pour les hommes qui y étaient engagés. Grâce à leurs victoires déterminantes pour la suite du conflit, les combattants du CEF ont réussi à s’imposer au sein du dispositif interallié et ont contribué au renouveau de l’armée française.
L’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD) conserve quatre-vingt-trois reportages photographiques réalisés par le Service cinématographique des armées (SCA) pendant la campagne d’Italie, consacrés presque exclusivement à l’armée de terre et à l’action du CEF. Le portfolio propose vingt-six photographies extraites de ces reportages retraçant l’épopée des troupes françaises de leur débarquement à la libération de la ville de Sienne.
En outre, un film intitulé Étapes vers la victoire no 1 : de Tunis à Rome (référence SCA 6), réalisé par Bertrand Flornoy du SCA et évoquant en partie les opérations militaires en Italie, est en ligne sur ce site à l’adresse suivante : http://archives.ecpad.fr/etapes-vers-la-victoire-n1-de-tunis-a-rome.
Par ailleurs, un dossier documentaire portant sur la campagne d’Italie vue par le peintre Roger Jouanneau Irriera est également consultable sur le site Internet (mis en ligne le 1er décembre 2011) : http://archives.ecpad.fr/tag/thema-roger-jouanneau-irriera.
[1]. Cf. Pierre Le Goyet, La participation française à la campagne d’Italie (1943-1944), Paris, 1969, p. 287-296 : les pertes du CEF s’élèvent à 7 175 tués, 25 868 blessés et 2 096 disparus pour la durée de la campagne.