Après le revers essuyé par le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient face aux troupes du Viêt-minh sur la RC4 (Route coloniale n° 4) en 1950, le général de Lattre de Tassigny, qui prend les plus hautes fonctions civiles et militaires, est accueilli en sauveur. Celui qui entend remettre de l’ordre et relever le moral des troupes françaises engagées depuis 1945 en Indochine, a fort à faire sur le plan militaire et politique.
Le général Giap entreprend une série d’offensives successives sur les positions françaises dans le delta tonkinois, qui sont contrées par la détermination du général de Lattre, qui use pour la première fois des bombardements au napalm à Vinh Yen. Renonçant à mener une guerre classique en terrain découvert, le Viêt-minh décide à l’automne d’orienter ses efforts sur le nord-ouest du Tonkin en pays thaï afin d’y attirer les troupes françaises loin de leurs bases. Mais son offensive est brisée par l’intervention des parachutistes et de l’aviation. Rompant avec l’attitude défensive des précédentes batailles, les troupes françaises investissent Hoa Binh, position charnière et nœud de communications en pays muong.
Parallèlement, le général de Lattre multiplie les gestes politiques pour concrétiser l’indépendance des États associés (regroupant le Vietnam, le Laos et le Cambodge) et tente de sortir le chef de l’Etat du Vietnam Bao Daï de sa réserve. La réalisation la plus importante de cette « vietnamisation » du conflit est la mise en place d’une Armée nationale vietnamienne.
À Paris le général de Lattre plaide pour le renforcement des troupes, et lors d’un voyage aux États-Unis, il réussit à convaincre les Américains à s’engager davantage dans la lutte contre l’expansion du communisme en Asie du Sud-Est.
L’année 1951 est aussi marquée par la médiatisation de la guerre d’Indochine. Conscient de la force des images, le général de Lattre met en scène sa propre guerre, par le biais des services civils et militaires d’information (organisés en un Service presse information – SPI), auxquels il donne davantage de moyens pour exercer leurs missions.
Le portfolio offre une sélection de 30 photographies réalisées par le SPI au cours de l’année 1951, qui témoignent de la diversité des reportages et de l’avènement du reporter de guerre en Indochine.