La campagne de Tunisie marque un tournant dans la seconde guerre mondiale, aussi bien stratégique que militaire. Composée de plusieurs phases, cette campagne est la dernière de la deuxième guerre mondiale sur le continent africain.
Au lendemain du débarquement allié en Afrique du Nord en novembre 1942, Hitler réagit en envahissant la Tunisie. Sa crainte est de perdre totalement l’Afrika-Korps qui bat en retraite depuis la bataille d’El Alamein. Pour ce nouveau front, la Wehrmacht doit se doter d’une nouvelle armée blindée, la 5. Panzerarmee. Sa première mission consiste à retenir les Alliés à l’ouest, et notamment les Américains, pour laisser le temps à l’est à la Panzerarmee « Afrika » de les rejoindre en échappant à la 8e armée britannique. Hitler décide également d’engager du nouveau matériel comme le char lourd Panzer VI « Tigre », malgré la réticence des constructeurs car la mise au point du blindé n’est pas totalement achevée. Ce test ne sera pas concluant, suite notamment à des nombreuses pannes mécaniques et des techniques d’engagement inappropriées.
Une nouvelle stratégie est employée en Tunisie, celle du pont aérien. Cette tactique consiste à transporter un maximum de troupes et de matériels par voie aérienne. À cette période, bien que les Alliés détiennent la suprématie aérienne, la traversée de la Méditerranée par les airs reste plus rapide et moins coûteuse pour la Wehrmacht. La Lufwaffe, qui utilisait jusque-là uniquement les avions de transport Junkers Ju-52, dont la flotte est éprouvée à cette date, emploie aussi dorénavant des avions Messerschmitt Me-323 « Gigant », nouvellement équipés de six moteurs et dont la capacité d’emport est plus importante (un blindé moyen ou cent soldats). Ces avions cargos vont prouver leur efficacité et assurer le pont aérien entre la France, l’Italie et la Tunisie.
La propagande nazie doit innover pour convaincre une nouvelle cible, la population arabe de Tunisie, qu’elle souhaite fédérer et rallier à l’Allemagne. Elle diffuse alors nombre de tracts et de journaux en langue arabe. Comme dans le passé, elle tente de mobiliser les autochtones en leur promettant l’indépendance. Elle obtient un certain succès puisque les engagements de Tunisiens dans la Wehrmacht sont nombreux. Toutefois, la mission principale de la propagande allemande reste avant tout le soutien de l’effort de guerre.
Suite aux succès alliés, les reporters des compagnies de propagande allemandes préparent peu à peu les esprits au retrait allemand du continent africain. Une nouvelle section de propagande est créée, la Propagandazug « Tunis », chargée d’illustrer les démonstrations de force à Tunis, comme le défilé des troupes aéroportées allemandes ou l’entrée des chars lourds Panzer VI « Tigre ». Avec le regroupement des forces allemandes de la Panzerarmee « Afrika » venant de l’ouest suite à leur débarquement dans les ports tunisiens et de la 5. Panzerarmee à l’est, on dénombre désormais cinq compagnies de propagande allemandes qui viennent prêter main forte à la Propagandazug « Tunis » pour illustrer les combats en Tunisie. Enfin, une compagnie de propagande de l’armée de terre allemande, la Propagandakompanie 699, présente depuis le débarquement des troupes allemandes en Libye, continue de couvrir les actions de l’Afrika-korps.
La dernière campagne africaine de la Wehrmacht est ainsi illustrée par près de mille membres des compagnies de propagande allemandes.
Alors que les premiers revers de l’armée américaine sont largement couverts par les reporters, la seconde phase de la campagne de Tunisie est moins photographiée car les échecs de plus en plus nombreux des armées de l’Axe rendent difficile une représentation conquérante et victorieuse.
La présence de la Wehrmacht en Tunisie se traduit également par des persécutions et par la déportation des juifs tunisiens.
Le portfolio présente une sélection de photographies couvrant ces divers aspects de l’activité militaire et politique.