Dans le cadre de la bataille du Day, le poste de Yen Cu Ha, un des verrous de la ligne de défense de la région, est attaqué par le Tieu Doan (régiment) 88, surnommé » régiment de la rivière claire ». Dans la nuit du 4 au 5 juin, la garnison (une compagnie de partisans du Hung Yen, renforcée depuis le 30 mai par 120 hommes du commando « Romary ») est matraquée pendant deux heures à coups de « SKZ » (Sung Khong Zat : canons sans recul chinois) et de mortiers (pour la première fois, le Viêt-minh emploie des obus « WP » au phosphore blanc). Des « volontaires de la mort » sapent les murs avec des charges creuses et l’assaut général submerge la position; le poste changera de mains par quatre fois et certaines casemates, six fois de suite. Les survivants de la garnison livrent avec l’énergie du désespoir un corps à corps à l’arme blanche dans l’enceinte même du poste. Alors que la poignée de combattants menée par le lieutenant Romary (blessé de deux balles et de multiples éclats) s’imagine sur le point d’être annéantie, le LSSL (Landing Ship Support Large) n° 6 de la 3e Dinassaut (Division Navale d’Assaut) surgit sur le fleuve Day, et tirant de toutes ses mitrailleuses, prend l’ennemi à revers et lui coupe la retraite au canon. La 13e compagnie (capitaine Sausse) du 7e BPC (Bataillon de Parachutistes Coloniaux) est débarquée par un LCM (Landing Craft Material) et se lance à la rescousse des assiégés. La réduction des assaillants passe même par le dynamitage de la tour dominant les défenses du poste, où s’est retranchée une compagnie ennemie prise au piège et refusant de cesser le combat (55 Bô Doï se rendront finalement). S’installant dans les ruines jonchées de cadavres de Yen Cu Ha, les parachutistes coloniaux se préparent à repousser un nouvel assaut (ils en repousseront quatre dans la nuit du 5 au 6 juin 1951).
L’échec de l’attaque du poste de Yen Cu Ha aura coûté à la Daï Doan (division) 308, unité d’élite du Viêt-minh (la fameuse « division de fer ») environ un millier de tués. Les prisonniers sont regroupés et transférés par les LCM de la 3e Dinassaut et confiés à la garde des tirailleurs du IVe BM/7e RTA (4e Bataillon de Marche du 7e Régiment de Tirailleurs Algériens) qui les aident à porter leurs blessés lors du débarquement sur la rive droite du Day tandis que s’organise plusieurs rotations pour renforcer le poste tout juste reconquis. Le LSSL n° 6, qui a été pris à partie et touché par deux fois par un « SKZ » dans sa course nocturne sur le fleuve pour rejoindre Yen Cu Ha au plus vite, mouille à présent non loin du poste. Des parachutistes coloniaux du 7e BPC progressent sur une digue après avoir accosté et entrent dans le poste. Un transmetteur des parachutistes installe son poste SCR 694 dans les ruines, aidé par des partisans tandis que ses camarades examinent un canon court de 155 mm qui trône aux milieu des gravats. Les tirailleurs algériens finissent d’évacuer les Bô Doï blessés avec des brancards improvisés ou à défaut, en les portant dans leurs bras.
A noter : une vue intérieure de l’église de Ninh-Binh, saccagée par le Viêt-minh en 1947 et laissée à l’abandon avant d’être occupée par 73 hommes du commando marine « François » qui y seront assaillis par des milliers de Bô Doï de la Daï Doan (division) 304, le 29 mai 1951, premier acte de la bataille du Day.